Jeudi 18 octobre, c'est trois groupes de rock aux fortes personnalités qui ont fait vibrer les spectateurs du Chapiteau pour une soirée endiablée, placée sous le signe de la 39e édition du festival Nancy Jazz Pulsations. Ici-C-Nancy.fr y était et vous raconte ! crédits photos Camille Laux www.ici-c-nancy.fr

Photoarticledionysos

 

 

 

Il semble que Les Wayfarers soient devenus le groupe nancéien incontournable en 2012, année durant laquelle on a pu les voir notamment vêtus de blazers aux couleurs improbables et coiffés de perruques lors de la première édition du festival Nancy Is Burning à L'Autre Canal ; mais aussi sur la scène de plein air de la Pépinière en première partie de Richard Gotainer dans le cadre des concerts gratuits d'été ; avant de les retrouver sous le Chapiteau du Nancy Jazz Pulsations le 18 octobre à 20h00.

  Pour l'occasion le chanteur déjanté portait un costume couleur lie-de-vin et tous arboraient des lunettes noires – normal pour un groupe qui a choisi comme nom celui d'un fameux modèle de lunettes de la marque Ray-Ban – ainsi l'ambiance à la fois rétro et un peu dingue de la musique des Wayfarers se faisait déjà ressentir sur le plan visuel avant même que le groupe n'entonne une chanson.

  Et de fait, ils ne tardèrent pas à entraîner les spectateurs qui remplissaient peu à peu le Chapiteau dans leur univers rockabilly déchaîné. Un air connu surgit ainsi rapidement pour nous convaincre de visiter une mystérieuse Chambre 607, où pour peu qu'on ait vu le clip entre film noir et ambiance fantastique, on savait qu'il se passait des choses étranges impliquant de séduisantes créatures...

  Puis, avec une énergie inépuisable, les Wayfarers enchaînent leurs titres à vous donner la bougeotte, qui parlent de filles de joie et de femmes qui aiment l'amour. Une reprise de Mirza, de Nino Ferrer, colle impeccablement à leur univers ironique et décalé. Sur La Fille du Père Noël, de Jacques Dutronc, le chanteur s'en donne à cœur joie, sautant d'un bout à l'autre de la scène. Le contrebassiste, lui, brandit son instrument à bout de bras, comme s'il allait faire comme Kurt Cobain et le briser sur scène d'un geste rageur. Ce serait dommage, au demeurant, tant la musique est bonne, première partie idéale pour le futur concert de Dionysos qui s'annonce, Bird'n'Roll, leur dernier album, surfant sur cette même influence rock'n'roll et rockabilly, et se caractérisant par un univers très particulier, extrêmement fantaisiste qui s'accorde bien avec celui du groupe nancéien. Aussi, on ne peut que regretter de les voir partir au bout de seulement quarante-cinq minutes, tant la confrontation Wayfarers / Dionysos aurait pu s'avérer intéressante.

Eiffel : Rock Sous Influence et Textes Allégés

 Cependant, s'ils quittent la scène du Chapiteau, c'est pour d'abord laisser place à Eiffel, ce qui induit un immédiat changement d'époque. Foin de rockabilly dans leur musique ; l'atmosphère et les instruments se font tout de suite plus électriques ! Et surtout l'influence de Noir Désir est palpable, que ce soit dans la musique ou dans le look du chanteur, Romain Humeau, qui, coupe de cheveux et boucle d'oreille inclus, cultive une vague ressemblance avec Bertrand Cantat. Seulement les textes plus que légers, bien que se voulant revendicatifs et engagés, ne sont pas à la hauteur de ceux de leur glorieux modèle.

  Malgré tout, ils semblent efficaces. Alors que Romain Humeau invite les spectateurs à reprendre avec lui le refrain d'un de leurs tubes, on entend dans la foule des personnes hurler : « Mais on ne connait pas les paroles ! » Que les membres d'Eiffel se rassurent cependant : leurs fans sont bel et bien présents, et il se trouve suffisamment d' « Ahuris » – les inconditionnels d'Eiffel se surnommant ainsi – pour assurer les chœurs en un écho puissant. La foule se met en jambe aux sons des riffs de guitare, et l'avantage des paroles souvent peu élaborées, c'est que les refrains ne sont pas extrêmement durs à retenir. Aussi, quand Eiffel attaque le tube A Tout Moment la Rue, la salle ne met pas longtemps à saisir le moment de brailler « Non » le poing tendu, alors que le chanteur s'écrie « A tout moment la rue peut aussi dire : Non ! ». D'autant que le groupe fait s'étirer ce moment en longueur à l'aide d'un long pont, qui montre à quel point il se sent bien sur scène, Romain Humeau ayant d'ores-et-déjà déclaré en milieu de set à quel point il était ravi de jouer juste avant Dionysos.

Dionysos : Une Prestation Scénique de Haut Vol

Car de fait c'est bien là la sensation de la soirée : Dionysos est de retour sur la scène du NJP, où le groupe originaire de Valence s'était déjà produit en 2006 dans le cadre de la tournée Monsters In Live. Sous le chapiteau, la salle est désormais pleine à craquer. Et afin qu'elle patiente, c'est La Marche Impériale, thème de L'Empire Contre-Attaque, qui résonne, en lieu et place de la bande-son d'Edward aux Mains d'Argent, qui occupait autrefois cette fonction.

  Soudain le groupe fait son entrée sur scène : Mathias est coiffé d'un masque d'oiseau aux plumes écarlates, et Babet porte une robe noire et blanche bouffante à la coupe rétro qui lui va à ravir. Comme ces tenues le laissent à penser, Dionysos entame le spectacle sur un Bird'n'roll à faire tourner ensemble robes et têtes.  Le ton est donné, ce concert sera, conformément à la juste réputation du groupe, frénétique. Dès la deuxième chanson, June Carter En Slim, Mathias Malzieu, debout sur la barrière de sécurité, vient prendre un peu la température de la marée humaine qui s'étend devant lui. Pour l'instant, toutefois, il n'y plonge pas et est ramené sur scène en position fœtale dans les bras d'un agent de sécurité. Pas question de laisser retomber l'ambiance de folie pour autant ! Lorsque Mathias Malzieu touche à nouveau le sol, c'est pour mieux bondir et s'envoler. Car si le groupe aime tellement chanter les monstres, c'est peut-être parce qu'il n'est composé que de véritables bêtes de scènes, du chanteur au batteur, Rico Serrato qui rythme le set aussi bien à la batterie qu'au tambour ou par de simples sifflements ; en passant par Guillermo, le bassiste et contrebassiste délirant ; Miky Biky le guitariste aux riffs enivrants, l'inénarrable Babet, « seule violoniste capable de jouer en sautant » selon les dires de Mathias, et le nouveau venu, Stefano, qui a délaissé peu de temps auparavant l’Éducation Nationale pour improviser sur scène des solos de perceuse durant les rappels.
  Mais on n'en est pas encore là, et après leur début de concert birdnrollesque, Dionysos attaque quelques morceaux de Monsters In Love, dont un très chouette Miss Acacia et l'indispensable Giant Jack. La présence de cette chanson dans le set n'est d'ailleurs pas dépourvue de logique, le personnage de Giant Jack étant à nouveau présent dans le disque Bird'n'Roll, Tom Hématome Cloudman étant présenté comme l'un de ses lointains descendants. Mais ce sera peut-être lorsqu'une horloge fixée sur la poitrine, Mathias Malzieu entonnera Le Jour Le Plus Froid du Monde, extrait de La Mécanique du Cœur, que ces disciples du Dieu du Vin nous offriront l'un des plus beaux moments de ce spectacle. Impossible de ne pas succomber lorsque Babet, en Dr Madeleine, glisse à l'enfant au cœur gelé ces consignes :

« Premièrement ne touche pas à tes aiguilles / Deuxièmement ta colère tu devras maîtriser /
Et surtout ne jamais oublier, quoi qu'il arrive, ne jamais se laisser tomber amoureux ! / Car alors pour toujours, à l'horloge de ton cœur / La grande aiguille des heures transpercera ta peau, / Explosera l'horloge, imploseront tes os, / La mécanique du cœur
sera brisée de nouveau !
 »

  Bien sûr, le tube Tais-Toi Mon Cœur retentira aussi. Mais la sensation suivante se produira surtout quand après avoir agité la foule avec le nouveau titre Cloudman, Mathias Malzieu invitera les fans à venir prendre un cours de bird'n'roll sur scène. Il y a alors un instant de stupeur dans la salle, mais quand l'homme-oiseau commence le compte à rebours des dix secondes de délai qu'il a accordé à ceux qui le désiraient pour le rejoindre sur scène, l'incrédulité cède la place à une véritable hystérie : la foule prend d'assaut la scène et des personnes se ruent de tous les coins du chapiteau pour sauter  par-dessus les barrières de sécurité. Chose promise, chose due : placés derrière Mathias et Babet, les plus rapides prennent effectivement un cours accéléré de bird'n'roll, et, sitôt la chanson finie, Mathias alias Tom Cloudman, « le plus mauvais cascadeur du monde et de la galaxie » tend son micro à l'un des danseurs improvisés qui y crie : « T'es un fou ! »

  Difficile de démentir, tant la performance est effrénée, démentielle. A peine les spectateurs redescendus dans la fosse qu'on entend retentir les accords familiers du plus grand tube du groupe, celui qui le révéla définitivement au grand public : The Jedi Song. Toute la salle vibre alors des cris et des applaudissements. Tout le monde chante les paroles de ce qui est devenu un véritable hymne pour tout amateur de Dionysos.

  Durant les rappels, enfin, Mathias Malzieu saisira comme à son habitude l'occasion d'un gigantesque pont pour s'offrir un plongeon dans l'assistance. Il avait bien pris quelques timides bains de foule au cours du concert, mais là, c'est l’apothéose : il nage ou vole ainsi, porté par les spectateurs, jusqu'en haut des gradins, et une fois là, s'arme de son porte-voix pour haranguer à nouveau l'assistance avec une chanson. De retour sur scène par le même moyen, il poursuit  un titre sans baisse d'énergie. Un instant, tout le monde paraît surpris : un groupie semble avoir réussi à s'incruster sur la scène, mais en réalité c'est Romain Humeau, le chanteur d'Eiffel, qui n'a pas résisté à l'énergie dionysiaque, et qui s'est donc précipité pour danser le temps d'une chanson aux côtés de son infatigable leader.

  Comme s'il ne pouvait plus se résoudre à partir, Mathias s'attardera pour une dernière chanson aux tonalités plus folk, tout seul en scène avec un harmonica. Et même avec un simple harmonica, il tiendra la foule en transe.

  Hélas, tout doit bien finir un jour et c'est au bout d'un peu plus d'une heure et demie que s'achèvera  ce concert mémorable et sans temps mort. La salle est pleine de plumes rouge vif, envoyées par un souffle puissant pendant que certain-e-s apprenaient le bird'n'roll sur scène. Parmi les spectateurs, certains en ramassent et d'autres serrent précieusement celles qu'ils ont réussi à attraper au vol. Les yeux brillants, tous vibrants encore des pulsations de cet incroyable spectacle, on se sent incontestablement contaminés par l'énergie fantastique du bird'n'roll. Comme Tom Cloudman, on a l'impression de se métamorphoser un oiseau. Car, dans le prodigieux espace-temps de ce concert, il faut bien l'avouer, on n'a plus touché terre.

 


Informations, sites des artistes :

http://www.myspace.com/thewayfarersmusicshow

http://www.eiffelnews.com/

http://www.dionyweb.com/index.php

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