NJP - A l’occasion de leur prestation sur la scène du théâtre de la Manufacture
Vous avez déjà joué durant le Nancy Jazz Poursuite avec la formation Ce2 Piano Mobile et ce soir, vous vous produisez sur la scène de la Manufacture en tant que Ce2 Polars… Quelles sont les grandes différences entre ces deux formations ; qu’apportent-elles de nouveau l’une par rapport à l’autre ?
Gael Le Billan : Ce2, c’est un groupe ou un solo. Ca peut être Ce2 Trio Piano Mobile ou Ce2 Piano Mobile en solo. Ca dépend, c’est à géométrie variable, et Piano Mobile c’est parce que je me balade avec mon piano acoustique droit sur un plateau à roulettes.
Oui vous avez notamment joué à Nancy Thermal avec, apparemment…
Mathieu Loigerot : Oui, on a joué ensemble tous les trois à la piscine…
Gaël Le Billan : Et à la gare aussi… Dans des parcs…
Mathieu Loigerot : Sur des marchés…
Gaël Le Billan : Partout où on peut !
Et du coup, quel intérêt cela représente-t-il pour le public de vous découvrir dans ces deux formations différentes ?
Mathieu Loigerot : Il y a une différence de répertoire en fait ; puisqu’il y a Ce2 Polars dont le répertoire est vraiment composé de musiques de films, et Ce2 Piano Mobile, où l’on fait plus de compos, et où on reprend des standards du jazz. Ce2 Polars c’est un projet bien précis, et Ce2, c’est tout le reste.
Justement, pourquoi ce nom, Ce2 ?
Gaël Le Billan : Parce que j’avais monté ce groupe avec un pote, en 2001 et on était deux. Donc le nom veut dire : « Ce sont eux deux, c’est eux deux. » Ca a commencé comme un duo, et comme on s’est pas mal baladé avec le nom de ce groupe-là, lorsqu’on a décidé de le reprendre en trio, je me suis dit que c’était bête de changer !
A propos de Ce2 Polars, donc, qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre en version jazzy des musiques de films qui ne l’étaient pas forcément à l’origine, issues de polars des années 1970 ?
Mathieu Loigerot : Eh bien, en fait, au départ Gaël voulait remonter un trio piano-contrebasse-batterie. On se connaissait d’autres formations depuis un moment, alors on a décidé de jouer ensemble. On cherchait un répertoire et je lui ai dit : « Les musiques de films, c’est quand même vachement bien, il y a plein de trucs à faire avec… » J’adore ce cinéma-là, et on avait regardé beaucoup de polars, on s’était beaucoup échangé de dvds. Donc on s’est dit : « Pourquoi ne pas faire un répertoire avec ces musiques ? » On s’est mis à en écouter plein…
Gaël Le Billan : On a maté une cinquantaine de films et on a dégotté quelques thèmes et ambiances qu’on aimait particulièrement pour les réadapter, de façon à constituer un répertoire arrangé à notre sauce. Mais dans beaucoup de ces films, il y a déjà pas mal de jazz. Le jazz est fréquemment employé comme musique de film dans le polar !
Gaël Le Billan, vous proposez également des ciné-concerts, pour lesquels vous refaites des bruitages et des musiques de films de Charlie Chaplin…
Gaël Le Billan : Oui, ça c’est une commande de l’AC2M, qui intervient en milieu gériatrique, en maison de retraite par exemple. L’AC2M a commandé un ciné-concert de deux courts-métrages, et on s’est orientés sur Chaplin, non seulement parce que c’était chouette, mais aussi parce que ça correspondait assez bien au public, je pense. Il y a donc un film que je joue au piano, et un autre où je ne fais que des bruitages, que je balance comme ça, en direct.
Ces différents projets qui mettent en lien musique et cinéma vous donneraient-ils envie d’éventuellement composer des musiques de films ?
Gaël Le Billan : Oui, d’autant que j’en ai déjà fait un petit peu. J’ai déjà composé des BO pour des courts-métrages et ça ne me déplairait pas d’en refaire, ça pourrait être chouette ! Mais il faut être dans le milieu ; ce sont des projets qui dépendent beaucoup des rencontres que l’on peut faire. Disons que si on rencontrait un réalisateur l’année prochaine et qu’il nous proposait de faire
Mathieu Loigerot : Oui, et puis on a tous déjà eu quelques expériences là-dedans. J’avais déjà fait quelques musiques de films avec un copain et Gaël avait participé aussi. On avait fait de la musique de films qui n’existaient pas !
Gaël Le Billan : Ah oui, de la musique de films qui n’existaient pas encore !
En tous cas, oui, ce serait intéressant, mais c’est une question de rencontres.
Est-ce que pour un prochain projet, vous aimeriez rester dans l’univers cinématographique, ou vous avez envie de vous tourner vers tout autre chose ?
Gaël Le Billan : On ne sait pas du tout.
Mathieu Loigerot : Il y a tellement de musiques de films intéressantes…
Gaël Le Billan : Oui, voilà, il y en a tellement qu’on pourrait en faire un concept : pour le prochain on ferait les musiques de westerns, après celles des films qui se passent dans l’espace…
Mathieu Loigerot : On y a déjà pensé mais après il ne faut pas non plus rentrer dans une routine.
Gaël Le Billan : Mais sinon, pourquoi pas ?
Mathieu Loigerot : Il y a plein de choses à explorer dans ce répertoire ; il est vraiment très riche.
Vous jouez donc en version swing des morceaux qui parfois appartenaient déjà au répertoire jazz mais pas forcément à ce type de jazz, et des musiques de films qui ne l’étaient pas du tout… Ce qui est intéressant c’est que cela permet aussi de faire s’entrecroiser plusieurs temporalités…
Gaël Le Billan : Oui, tout-à-fait, on est entièrement d’accord avec vous ! Rien à rajouter !
A l’instar de la musique classique, beaucoup de gens s’imaginent que le jazz est un genre figé, qui n’évolue que grâce à l’interprétation. De fait, est-ce que reprendre ainsi des standards issus de bandes originales de films et les réinterpréter en multipliant les temporalités, donc, à la fois dans les références à la musique, aux films ou à je ne sais quoi d’autre peut-être considéré comme un bon moyen de l’inscrire plus franchement dans le monde contemporain ?
Gaël Le Billan : Oui et peut-être aussi de le rendre plus populaire, parce que le jazz est un genre qui est encore considéré à tort par certains comme une musique savante – ce qu’il peut être, bien sûr, mais il ne se limite pas à ça – et élitiste, qu’on ne va voir que dans certains endroits, que dans certaines salles un peu guindées… Alors que non, il faut se rappeler qu’au départ, c’était déjà une musique populaire !
Mathieu Loigerot : Disons que ça permet une accroche avec les gens. Par exemple, quand on joue la musique du Clan des Siciliens, que tout le monde connaît, on attrape les gens en jouant ce thème-là, même s’il n’est pas repris tel quel. Et ensuite, on part en improvisation autour du thème, mais comme ils ont d’abord été captés par le fait qu’ils le reconnaissaient, les gens entrent peut-être plus facilement dans l’impro. Cela peut donc être un bon moyen d’amener progressivement et en douceur les gens qui n’écoutent pas de jazz au jazz.
Dans le cinéma, vous n’aimez que les films du passé ou il y a encore des choses qui vous plaisent aujourd’hui ?
Gaël Le Billan : Non on n’est pas du tout passéistes.
Mathieu Loigerot : Il y a plein de choses qui me plaisent dans le cinéma d’aujourd’hui.
Gaël Le Billan : J’aime le cinéma en général ; je suis assez bon public et j’adore me caler devant un film quel qu’il soit. Même si bon, il ne faut pas exagérer,
Mathieu Loigerot : J’aime beaucoup le cinéma en général même si pour ma part j’aime vraiment particulièrement ce cinéma-là, le polar ! Mais c’est comme pour tout : on adore le jazz mais aussi d’autres musiques ! Ce2 Polars, c’est vraiment un projet particulier, mais on joue chacun dans d’autres choses et on n’est pas limités !
Ce2 Polars
Informations, dates de concerts, discographie :
http://quivapiano.jimdo.com/ce2-polars/
