Cinéma. Le comédien Dany Boon et le réalisateur Fred Cavayé étaient de passage à Nancy pour présenter "Radin" une comédie qui sortira le 28 septembre 2016 au cinéma. Rencontre et bande-annonce.
RENCONTRE - avec le réalisateur Fred Cavayé et le comédien Dany Boon
Après plusieurs thrillers parmi lesquels Mea Culpa en 2014, À bout portant (2010), Fred Cavayé se frotte à la comédie. Le 28 septembre prochain sortira Radin dans les salles de cinéma, la première comédie du cinéaste, un film qui raconte l'histoire d'un homme terriblement pingre interprété par... Dany Boon au côté de Laurence Arné et Noémie Schmidt. L'affiche du film plante le personnage et son univers avec autour de lui ne nombreux post-it lui rappelant des dépenses qui lui sont insupportables comme « l'électricité », « le chauffage », « les transports », « les pourboires » ou encore « les cadeaux ». Dans sa veste à la Mister Been et ses vêtements étriqués, le personnage va dévoiler au fil du film les pires illustrations de l'homme avare. Au quotidien, François Gautier (Dany Boon) économise, du supermarché à son domicile, ses rencontres sont marquées par un besoin viscéral et maladif de calculer. Mais, le film ne s'arrête pas à une compilation d'anecdotes, le personnage va ainsi se heurter à deux rencontres qu'il n'avait pas planifiées. D'abord avec une musicienne qui va s'éprendre de lui et la rencontre avec sa fille, une adolescente de 17 ans dont il ignorait parfaitement l'existence. Un long métrage qui au-delà de faire rire devrait aussi faire ressentir aux spectateurs quelques moments d'émotions et de surprises.
Une comédie...
Fred Cavayé : « C'est avant tout une comédie, on se plait à voir le personnage de François Gautier détestable. En fait, cet enfant a été traumatisé par un père acheteur compulsif alors qu'il n'est pas encore né. Sa mère s'est adressée à lui alors qu'il n'était encore qu'un bébé dans le ventre “j'espère que tu ne seras pas comme lui mon chéri” et il a trop bien écouté. C'était un enfant obéissant avant même sa naissance ! »
Un thème universel...
Fred Cavayé : « Ce qui m'amuse pour l'instant, c'est les réactions de ceux qui ont vu le film ou la bande-annonce qui disent : tiens on dirait mon oncle ou vont citer telle ou telle personne de leur entourage. Tout le monde connait un radin, c'est un sujet presque universel, on peut s'en amuser c'est comme toutes les névroses, mais quand on vit avec quelqu'un comme ça c'est une horreur... Une personne qui ne sait pas donner, c'est quelqu'un qui ne sait pas aimer complètement, qui n'a pas d'affection, qui est seule... Pour autant, les radins ne sont pas des gens qui manquent forcément d'argent dans la vie. J'en connais un par exemple, qui au moment de régler l'addition en groupe va attendre le dernier moment pour payer et il mange pour 7 €... »
Le pari du costume unique et une recherche constante de la « sincérité »
Fred Cavayé : « Dany n'a qu'un seul costume. L'idée du costume unique c'est une prise de risque, d'ailleurs la costumière était un peu paniquée au début qu'il soit habillé comme ça tout au long du film et pour les deux mois et demi de tournage (rires). Au tout départ, le costume rappelle Mister Bean avec des inspirations de Jacques Tati, Tim Burton... Le costume permet d'illustrer une image très “BD” que je voulais néanmoins un peu ancrer dans la réalité. C'est un personnage où tout est poussé vers la caricature pour faire rire, mais avec un fond de vérité et de sincérité. Un peu comme dans mes précédents personnages, tout le monde est sincère, il fallait que tous les acteurs jouent les choses. Exemple, lorsque le personnage de Dany Boon emprunte des chaussures qui font 5 tailles en dessous de ses pieds. Il fallait qu'il le joue et il a vraiment eu mal aux pieds ! »
La radinerie poussée à son paroxysme
Fred Cavayé : « Dans l'écriture, j'ai fonctionné en regardant dans chaque axe comment aller jusqu'à la radinerie. Dans un restaurant de fruits de mer par exemple qu’est-ce qu'on peut manger si on est radin ? Pas des huitres parce que c'est cher alors des bulots, mais si on est super radin et bien des bulots on va en commander qu'un ! J'ai fonctionné comme ça à chaque fois. À l'écriture, il y avait beaucoup plus d'éléments de radinerie et à l'écran j'avais peur de faire un inventaire, je ne voulais pas faire trop long. On a eu envie de voir avancer le personnage, le suivre dans ses évolutions, mais aussi son comportement, dans des situations données notamment à travers d'obstacles comme avec sa fille. L'idée, ce n'était pas de montrer uniquement quelqu'un qui ne dépense pas, mais de confronter le personnage à des situations qui sont davantage liées à l'humain qu'au matériel donc. Le film reste drôle, mais avec d'autres thématiques comme l'amour et l'amour filial. »
Le rythme de la comédie
Fred Cavayé : « Je voulais réaliser cette comédie comme un thriller, en terme de jeux, de rythmes et d'esthétismes. L'importance est là dans le ressenti surtout quand on parle de sincérité, il fallait que l'image soit belle avec du rythme. Dans un film, la vérité est ce qui est fait à l'écriture, dès le scénario. C'est comme en cuisine, il faut de bons ingrédients ! »
Noémie Schmidt...
Fred Cavayé : « Elle est étonnante ! Au casting déjà, elle arrive en disant qu'elle a 17 ans comme toutes les autres jeunes filles qui étaient là. Au milieu de ces jeunes filles, il y a Noémie que je demande à rencontrer, car je la trouve en terme de jeu formidable et elle arrive et je me dis qu'elle n'a pas 17 ans. Elle me dit effectivement : non, non, je vais avoir 20 ans, mais en réalité elle en a 25 ! Elle me dit ça avec aplomb incroyable et explique : “si je vous l'avais dit, je ne serais pas venue au casting ! ”. J'ai adoré et c'est une brillante comédienne. »
Dany Boon. « Elle n’est pas là, alors on peut dire que... (Rires) Elle dégage une émotion, elle est à fleur de peau. Rien qu'en jouant tous les deux, elle fait preuve d'écoute et de générosité, même si elle devait avoir le trac sûrement. Dès les essais, elle était très étonnante, on était très ému et l'émotion est montée crescendo ce qui est rare. »
La lecture du scénario par Dany Boon
Dany Boon : « C'est souvent la magie d'une écriture, d'une rencontre, d'une direction d'acteur, d'une confiance mutuelle qui fait que quand j'ai découvert le film, j'étais très ému, bouleversé par l'histoire, par le personnage par la profondeur du propos, ça rend la comédie de grande qualité. Quand on rit et qu'on est ému, le rire est plus profond, plus humain et dure plus longtemps, c'est le sentiment que j'ai. »
Le personnage de François Gautier
Dany Boon : « C'est un personnage malheureux. La musique est l'endroit coloré de sa vie, c'est son échappatoire c'est ce talent qui fait qu'il rentre en contact avec l'amour et que les choses deviennent possibles différemment et ça prend du temps. Sa fille, elle, a une image de lui complètement fausse avec une idée assez moderne de l'écologie. Il économise l'eau, l'électricité, il fait attention à tout pour ne pas dépenser, elle pense qu'il veut économiser pour la planète. Il a un côté d'un coup très moderne dans sa radinerie. »
La scène la plus compliquée à jouer ?
Dany Boon : « Rien n’est évident, il y a des scènes d'émotion qui moi m'ont vidé comme le discours, lorsque je pleure (NDLR : la scène du gala de charité). C'était très dur à jouer, le texte est long et il y avait du monde, mais tous les figurants étaient “dedans”, ils étaient respectueux, c'était chouette. La scène a été tournée près de Chantilly... »
- Radin - (comédie)
