Interview Cinéma. En pleine tournée de promotion du film « De toutes nos forces », le réalisateur Nils Tavernier était de passage mercredi à Nancy à l'occasion de la projection du long métrage en avant-première au complexe UGC ciné cité de Ludres... Nous avons rencontré le réalisateur et le producteur Philip Boeffard.
NilsTavernier
Rencontre avec Nils Tavernier et Philip Boeffard dans les locaux de France Bleu Sud Lorraine - crédit photo www ici c nancy fr

Paul (Jacques Gamblin) et Claire Amblard (Alexandra Lamy) sont parents de Julien, un ado handicapé moteur cérébral qui ne rêve que d’évasion et d’aventures. Un jour alors que Paul est soudainement licencié par son employeur, son fils lui lance un défi celui de concourir avec lui au triathlon « Ironman » de Nice. Ce challenge va être l’occasion pour eux et pour leurs proches de reprendre leurs destins en main et de reconstruire une famille… Pour cette comédie douce-amère que l’on classera aisément parmi les feel good moovies, Nils Tavernier a réuni à l’écran les comédiens Jacques Gamblin, Alexandra Lamy, Fabien Héraud autour d’un long métrage authentique et tendre sur l’amour d’un père à son fils. Courage et dépassement de soi dominent ce film qui rayonne d'une énergie et d'un enthousiasme à toute épreuve.

On retrouve dans ce long métrage le thème de l’enfance comme dans beaucoup de vos documentaires comme celui de l’Odysée de la Vie, c’est un thème cher à votre cœur ?

Nils Tavernier : Sur les 40 films que j’ai pu faire, il y en a effectivement 75 % ou 80 % qui parlent de l’enfance. De réfléchir sur la place de l’enfant dans la société que ce soit dans un camp de réfugiés en Azerbaïdjan ou en Afrique ou partout dans le monde, c’est quelque chose sur lequel j’ai le plus travaillé. 

Philip Boeffard : De ce que je connais de Nils, ce qu’il aime dans l’enfance et l’adolescence c’est cette énergie-là, pure qui est motrice, car il y a la vie devant. Il y a cette volonté de la prendre à pleine bouche et d’y aller. C’est ça qui l’attire dans l’enfance et dans l’adolescence. 

Vous allez poursuivre sur le thème de l’enfance, explorer d’autres facettes peut-être ?

N.T : Je n’arrive pas à m’arrêter en fait, c’est un grand monde qui me convient. J’ai souvent préféré rentrer dans le monde de l’enfance ou de l’adolescence que par le regard des adultes sûrement. Après en vieillissant ça change un peu...

Fabien Héraud malgré son handicap mental et sa paraplégie joue son rôle avec beaucoup de force... Comment ça s’est passé sur le tournage avec les acteurs ?

P.B : Fabien c’est à la base déjà quelqu’un d’extraordinaire qui un charisme fou, qui a un cœur gros comme ça, qui a son vécu à savoir le vécu inhérent à son handicap. C’est également quelqu’un qu’on a découvert par sa vidéo qu’il avait envoyée à Nils, une vidéo absolument incroyable, d’ailleurs on avait des vidéos assez troublantes lorsqu’on a passé le casting, des poèmes, des poésies et lui a fait un truc barré complètement libre, no limite avec une musique frappadingue, il avait monté quelque chose alors qu’il n’avait jamais fait de montage. Il s’est mis en scène avec son fauteuil en train de ruiner la pelouse de son lycée. Il avait quelque chose en lui, ensuite Nils l’a rencontré, il était de la banlieue nantaise et puis ça c’est fait petit à petit. Lui de son côté et nous du nôtre.

C’était un jeu au début pour lui, il l’a fait avec une certaine insouciance et plus ça avançait, plus il se disait, « bah tiens ça me botterait bien dans ma vie d’avoir à faire ce truc-là ». C’est devenu un vrai projet de vie. On l’a encadré de notre côté avec un coach aussi de telle sorte à le rassurer parce qu’on sentait qu’il y avait un petit diamant et qu’il fallait le mettre à jour. 

N.T : Il a un tel humour sur lui, Fabien a fait un vrai travail d’acteur, il est allé chercher en lui des choses qui appartenaient au personnage dans le rôle qui était écrit. Il a construit des choses qu’il avait dans d’autres secteurs, qu’il a ramenés à lui, c’est la méthode de l’acteur studio, je n’ai pas réinventé un système de travail avec lui particulier...

Detoutesnosforces
Jacques Gamblin et Fabien Héraud dans le film De toutes nos forces © Guy Ferrandis
C’est un tournage également sportif notamment avec le triathlon Iron Man ? D’ailleurs ce sont de vraies images ?

N.T : Oui, c’était la première journée de tournage des acteurs et on les a mis dans la vraie course. Nous voulions un film très intimiste de fait, mais à la fois un film à grand spectacle et le grand spectacle c’était cette course gigantesque absolument magnifique qui me permettait de faire des images démentes d’hélicoptère. Trois mille personnes qui plongent dans l’eau on a l’impression que ce sont des dauphins, je savais que j’allais avoir un rendu très spectaculaire quand même. 

Le choix de la région ?

N.T : Le film a été tourné à Nice, la course dans les hauteurs de Nice, le plateau et tout le reste a été tourné en Haute-Savoie, car j’avais besoin d’air on ne pouvait pas se permettre l’enfermement d’une famille entre une cuisine et une salle de bain. J’avais besoin que les personnages dévoilent leur intimité dans des étendues absolument gigantesques qui correspondent à ce qu’ils vivent. 

C’est un film authentique, enthousiaste, emprunt d’une réelle émotion, mais sans jamais tomber dans le pathos. Y a-t-il un message dans ce film, de profiter de la vie ?

N.T : Moi ce qui me fait plaisir avec ce film c’est que les gens trouvent leur propre message, ils se l’accaparent, tu as des gens qui vont dire c’est un film plein d’espoir, d’autres c’est un film sur le dépassement... Moi je n’ai pas envie de dire quel est le message du film, je ne suis pas à l’aise avec ça. J’ai plutôt envie de dire, j’ai raconté, une histoire que j’avais envie de raconter sur l’amour incroyable d’un père et d’un fils. Je suis content lorsque les gens sortent de la salle et me disent que ce n’est pas un film sur le handicap ou encore sur le sport...

Un film positif, engagé et grand public...

J’ai un côté romantique, c’est une success-story, moi je n’ai pas envie de faire des films même dans mes documentaires ou sur des sujets ultras durs que les gens sortent et se disent à la fin que la vie est horrible... Je n’ai pas envie de faire ce type de film... J’ai travaillé 2 ans en neurologie à l’hôpital Necker, ce que les familles m’ont renvoyé ce n’est pas de la tristesse c’est cette belle force de vie que ces gens m’ont offert et c’est quelque chose que j’ai envie de partager.

Je fais aussi des films pour que tous les enfants puissent les voir. C’est essentiel pour moi, j’ai envie que mon fils et ma fille de 4 ans et demi voient tous mes films. Je n’ai pas envie de faire des films pour des ultras initiés de cinoche ou pour des ultras initiés en soins palliatifs ou des ultras initiés de sport. Je ne suis pas ultra initié, je passe du temps à écouter l’autre c’est la seule chose . 

On vous retrouvera en tant qu’acteur ces prochaines années ? 

S’il y a des gens qui me proposent un scénario et qui ont vraiment envie de tourner avec moi peut-être que j’irai, mais je n’ai pas tourné depuis 6 ans. Mes documentaires et fictions cinéma ont pris une place importante dans ma vie , j’ai eu la chance d’enchaîner, ce sont des travaux à long terme... De faire un 52 minutes en deux ans à Necker, ce n’est pas ce qui va me permettre d’acheter des Porsches, c’est évident, mais c’est le temps dont j’avais besoin pour être aux côtés des familles et leur parler. Ça a pris 8 mois, pour me positionner devant une maman ou un enfant différent. Je ne suis pas rapide, c’est sûr à la fois j’enchaîne film sur film et je ne suis pas certain que ce serait facile pour moi d’être à nouveau devant la caméra et je pense que je n’ai pas cet égo-là. Pour être acteur, il faut quand même avoir envie d’une visibilité physique un peu exhibitionniste dans un sens et moi je n’ai pas ça, insuffisamment en tout cas.


De toutes nos forces -


DE TOUTES NOS FORCES Bande Annonce (2014) par ici-c-nancy

detoutesnosforcesNotre avis : etoile-mini-25x25etoile-mini-25x25etoile-mini-25x25 etoile-moitiemini--grisee-25x25etoile-mini--grisee-25x25
Date de sortie : 26 mars 2014, (1h 30 min) 
Réalisé par Nils Tavernier
Avec Jacques Gamblin, Alexandra Lamy, Fabien Héraud, Sophie de Fürst...
Genre : comédie dramatique

Comme tous les adolescents, Julien rêve d’aventures et de sensations fortes. Mais lorsqu’on vit dans un fauteuil roulant, ces rêves-là sont difficilement réalisables. Pour y parvenir, il met au défi son père de concourir avec lui au triathlon « Ironman » de Nice: une des épreuves sportives les plus difficiles qui soit. Autour d’eux, c’est toute une famille qui va se reconstruire pour tenter d’aller au bout de cet incroyable exploit.

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