SOCIAL. En plein colloque sur le sans-abrisme, un rassemblement à l'appel du syndicat Sud Santé Sociaux 54 s'est tenu, mercredi matin, devant les portes du centre des congrès de Nancy. L'organisation est également intervenue lors des discours d'ouverture pour interpeller les décideurs sur l'urgence sociale destinée aux plus démunis. 


Chasubles et tente déployée, une vingtaine de travailleurs sociaux et représentants syndicaux étaient rassemblés ce mercredi devant les portes du centre des Congrès de Nancy en marge d'un premier colloque sur le sans-abrisme. Une journée mêlant conférences plénières, tables rondes, ateliers thématiques qui était organisée par l’association Accueil et Réinsertion Sociale (ARS) en partenariat avec la DIHAL, la direction département de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS), la métropole du Grand Nancy, le centre communal d’action sociale de Nancy et l’université de Lorraine. L'objectif de cet évènement visait à faire dialoguer les mondes de la recherche, de la gouvernance et de l’intervention sociale sur la question du sans-abrisme en donnant la la parole aux acteurs locaux de la lutte contre les exclusions (DDETS, collectivités locales, associations…), aux responsables des politiques nationales de la lutte contre la pauvreté et de l’accès à l’hébergement (DIHAL, DIPLP…) et aux professionnels de la recherche universitaire. 

Sur l'estrade de l'amphithéâtre, une délégation de représentants syndicaux ont interpellé les décideurs avant les discours d'ouverture de Denis Bernard, président de l'association Accueil et Réinsertion Sociale (ARS), Mathieu Klein, maire de Nancy et président de la Métropole du Grand Nancy, Arnaud Cochet, préfet de Meurthe-et-Moselle, et Sylvain Mathieu, délégué interministériel à l'hébergement et l'accès au logement (DIHAL).

Alors que la trêve hivernale s'est achevée le 31 mars, les représentants de Sud Santé Sociaux 54 alertent sur la crainte des expulsions et la saturation des logements d'urgence qui se traduisent sur le terrain par des demandeurs écartés des dispositifs "faute de place". Des démunis au profils variés allant des mineurs isolés aux personnes en grande marginalité. Si le Samu Social apporte une réponse immédiate à toute personne en situation de grande précarité ou d’errance, "le 115 ne peut répondre favorablement à toutes les sollicitations par manque de places disponibles et adaptées au public". En parallèle, "Il est demandé aux structures d'hébergement de faire de la "fluidité" afin que chacun puisse avoir une chance d'accéder à un hébergement d'urgence. Or, la machine est en panne, il manque des logements sociaux sur la Métropole du Grand Nancy, surtout des petites typologies (1 000 F1 demandés, 350 accordés en 2021), des places en CHRS, en pension de famille, des places en herbergement d'urgence et mise à l'abri", souligne encore Sud Santé Sociaux.

aumone mainPhoto d'illustration - DR

Crise du logement et politique d'aménagement (aussi) en toile de fond

"Je suis un peu dépité de ce qui se passe en France depuis plus de 20 ans, je ne vois aucune amélioration", affirme Stéphane Petit, travailleur social depuis 25 ans pour l'association nancéienne Arélia. Sur le terrain, il oeuvre auprès de publics précaires, des SDF et personnes en voie d'expulsion. "On ne trouve pas de solutions aux personnes qu'on voudrait aider, on lance un cri d'alerte par rapport au logement et à l'hébergement d'urgence", ajoute-t-il.

Le manque de logements sociaux, une problématique nationale qui retrouve un écho à l'échelle locale. Une situation qui pourrait bien ne pas évoluer de sitôt, en raison d'une baisse constante des constructions de logements sociaux avec moins de 100 000 logements sociaux en construction en France, alors qu'il en faudrait 150 000, selon le rapport 2023 de la fondation Abbé Pierre. 

Des arguments entendus par Mathieu Klein, Maire de Nancy, Président de la Métropole du Grand Nancy qui reconnait "une responsabilité nationale et locale" sur le sujet immobilier en évoquant à l'échelle métropolitaine une accélération depuis deux ans "pour remettre la question de la construction de logements sociaux au coeur des politiques publiques". Ainsi "plus un programme aujourd'hui neuf ne sort de terre sans que celui-ci soit composé d'une part importante parfois même exclusive de logements sociaux y compris même en coeur de ville y compris dans les quartiers qui ont peu l'habitude d'en avoir". L'occasion pour le président de la Métropole de rappeler l'engagement du Grand Nancy dans le cadre de la stratégie nationale de la pauvreté portée par l'État qui a permis en 2022 la création d'un village de l'insertion à Nancy dans le cadre d'une expérimentation de 3 ans. Un lieu de vie pour les "grands marginaux" qui propose actuellement une dizaine d'habitats modulaires. Autre volonté portée par la collectivité, le développement de l'intermédiation locative sociale.

"Bien sûr que nous n'avons pas tout résolu en mettant en place ces dispositifs, en choisissant d'expérimenter ou en confortant des dispositifs de droit commun, mais je ne veux pas non plus que nous laissions croire ou que nous imaginions que rien n'avance. Rien n'avance assez vite, c'est clair. Rien n'avance de façon suffisamment massive, à l'évidence, mais beaucoup d'acteurs sur le territoire se sont mis depuis longtemps en mouvement pour essayer de faire progresser les choses", ajoute Mathieu Klein prenant l'exemple de l'ouverture en 2025 de la Maison des femmes, dédiée aux victimes de violences conjugales et à leurs enfants. 

Un appel aux professionnels et travailleurs sociaux à participer au livre blanc du travail social

Mathieu Klein, également président du Haut Conseil du Travail Social (HCTS) s'est également adressé aux travailleurs sociaux à qui il a tendu la main pour contribuer à la préparation du livre blanc du travail social qui sera remis à l'été prochain à la Première ministre et au ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.   

Des réflexions destinées à définir des mesures à mettre en oeuvre "Nous devons inverser la logique (...) il y a une forme d'état d'urgence pour que les métiers du social comme les métiers de la santé retrouvent leur force donc leur attractivité, retrouvent un rang symbolique dans la société bien plus élevé qui est le leur aujourd'hui, des rémunérations tout à fait plus significatives pour rendre les métiers plus attractifs et des conditions de travail beaucoup plus satisfaisantes", souligne Mathieu Klein. 

Sylvain Mathieu, délégué interministériel à l'hébergement et l'accès au logement (DIHAL) a appelé à poursuivre les efforts pour lutter contre le sans-abrisme et a insisté sur le plan "Logement d'abord", qui consiste à octroyer depuis 2017 un logement pérenne aux personnes mal logées. "Les résultats ont été importants, lors des cinq dernières années, 440 000 personnes sont passées soit de la rue au logement soit de l'hébergement au logement, c'est 70 % de plus que ce qui s'est fait dans la période précédente, il faudrait plus évidemment".


  

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