COMMERCE. Après des débordements observés lors des précédentes manifestations contre la réforme des retraites, au centre-ville de Nancy, ils sont de nombreux commerçants à exprimé leur lassitude. Marie de Metz Noblat à la tête de la boutique l'Épicerie du Goût, place Vaudémont, ne mâche pas ses mots et ne cache plus le fort sentiment d’injustice qu'elle ressent en tant que commerçante. Rencontre.
En Vidéo. Le coup de gueule de Marie de Metz Noblat, commerçante en centre-ville de Nancy. Voir la vidéo sur YouTube en cliquant ici.
"A qui profite le crime ? Je ne supporte pas le terrorisme revendiqué par ceux qui ont coupé l'alimentation électrique des pâtés de maison le long de la manifestation nancéienne d'hier...", ces mots sont extraits d'une longue publication diffusée par Marie de Metz Noblat sur son compte LinkedIn, réseau social professionnel. Jeudi 23 mars, lors de la manifestation contre la réforme des retraites qui se tenait dans les rues de Nancy, de nombreuses coupures de courant ont impacté les commerçants dès le milieu d'après-midi rue Saint Jean, mais aussi en vieille-ville. Sans électricité, sans chauffage, un black out qui aura duré plusieurs heures. Ils sont des dizaines de commerçants, peut-être davantage, à avoir tiré le rideau cet après-midi là.
Marie DE METZ NOBLAT, L'épicerie du Goût
Commerçante depuis 12 ans à la tête de l'Epicerie du Goût, une boutique spécialisée dans la vente de produits lorrains, située à deux pas de la place Stanislas, elle ne mâche pas ses mots pour exprimer une colère teintée d'un profond désarroi. Son "coup de gueule" cible d'abord les débordements récurrents observés lors des manifestations qui induisent in fine une baisse de la fréquentation des commerces du centre-ville. Certains clients, découragés par les blocages dans les rues qui ralentissent la cirulation des automobilies ou bien des transports en commun, renoncent à pousser les portes des magasins.
Pour son commerce, Marie de Metz Noblat évalue un chiffre d'affaires impacté à "deux chiffres" depuis ces dernières semaines. "Comme tous les commerçants du centre-ville, on est à bout, à genoux, tout simplement parce que ça fait cinq ans que ça dure, en 2018, on a eu les gilets jaunes, en 2019, on a eu le Bloc Lorrain, en 2020 on a eu les confinements, en 2021 il n'y a pas eu d'étrangers , ils avaient tellement peur parce qu'en France il y avait le Covid...." passe en revue avec amertume la commerçante tout en adressant ses plus vives critiques à la piétonnisation et au réseau de remplacement mis en place après l'arrêt du tramway.
"Et puis voilà que des manifestants se mettent à nous faire des crasses, mais franchement qu'est-ce que j'ai fait pour qu'on me fasse des crasses ?" s'interroge la gérante évoquant aussi d'autres conséquences collatérales comme les nuages de gaz lacrimogènes qui parviennent jusqu'à son commerce. "Là on m'empêche de travailler, moi je dis la liberté des uns, elle s'arrête là où commence celle des autres, mais laissez-moi travailler !"
La semaine dernière, la Métropole du Grand Nancy avait indiqué déposer plainte contre les auteurs de dégradations en centre-ville et annoncé des mesures pour limiter les nuisances. À l'approche d'une nouvelle journée de revendication, mardi 28 mars, les petits commerçants redoutent de nouvelles perturbations et ont besoin d'être rassurés. Ce lundi matin, en marge d'un point de situation lié à la sécurité, Mathieu Klein a déclaré la pleine mobilisation des services "pour que le mouvement social manifeste à nouveau mardi en toute sécurité et que notre centre-ville soit préservé des casseurs."
Point de situation ce matin avec Lionel Adam, adjoint délégué à la sécurité, à la propreté et aux tranquillités publiques et les services. Tous mobilisés pour que le mouvement social manifeste à nouveau mardi en toute sécurité et que notre centre-ville soit préservé des casseurs.
— Mathieu Klein (@mathieuklein) March 27, 2023
