Résumé du film : Designer parisien, Valentin D., qui se prétend orphelin, voit débarquer sa famille nordiste en pleine expo branchée. Comment la faire repartir au plus vite ? Conflit familial en vue.
Semaine importante pour Dany Boon. Car mercredi 28 sort « La ch’tite famille ». Et le 2 mars, salle Pleyel, le César du public lui sera remis pour le score d’entrées de « Raid dingue » (4,7 millions). En attendant, entouré de tous ses acteurs (dont la délicieuse Laurence Arné), il a répondu à nos questions.
Comme votre personnage, avez-vous été tenté -la célébrité venue- de renier vos racines nordistes ?
Dany Boon : Au début de ma carrière sur scène, on m’a effectivement conseillé de perdre mon accent ch’ti et de faire des sketchs moins province. J’ai refusé. Et j’ai bien fait, car c’est ce qui a fait ma différence. Je n’ai donc jamais renié mes origines ni ma famille modeste, car ça nourrit mon écriture depuis toujours. En revanche, enfant dans une école catho d’Armentières, j’ai eu honte d’être le seul fils de prolo avec l’accent. Alors, comme on se moquait de moi, je me suis dépêché de le perdre.
Line Renaud, avez vous également cherché à vous débarrasser de cet accent ?
Line Renaud : Ce n’est pas moi qui ai voulu, c’est mon mari Loulou Gasté. J’ai donc beaucoup travaillé pour le perdre. Il m’enregistrait, me faisait écouter et me corrigeait. Pour ce film, j’ai fait l’inverse : reprendre l’accent. Ce qui n’a pas été facile.
Et vous, Valérie Bonneton, êtes-vous également nordiste ?
Valérie Bonneton : Ah oui ! Une vraie ch’ti native de Somain, mais ensuite j’ai vécu à Nice jusqu’à 16 ans. Etant petite, ma mère ne voulait pas qu’on parle ch’ti, mais pas mon père oui. D’où tension. Ce qui explique qu’en arrivant à Paris, je n’ai pas eu à perdre l’accent.
A contrario, est-ce facile à apprendre ? Car la belle idée du film, c’est l’épouse de Valentin qui s’initie au ch’ti par amour.
Laurence Arné : Il ne fallait pas que ce soit parfait ce qui rendait la démarche touchante. Je suis donc allée voir tout le monde, car il y avait beaucoup de gens du nord en plateau. Chacun me donnait des conseils...tous différents. J’ai donc mélangé un peu tout ça et créé mon propre patois dont je suis fière.
Vous avez un super look dans le film. Notamment une gamme de pantalons élégants. Signés d’un couturier ?
L.A. : Non de la costumière, Laetitia Bouix. Et le petit plus, c’est que Dany nous a permis de garder nos costumes si nous le souhaitions.
Le côté nouveau riche de Valentin cache, on s’en aperçoit, une certaine nostalgie de l’enfance.
D.B. : Sans doute parce que j’ai tout découvert très tard. L’odeur du chlore d’une piscine à 10 ans, la mer à 12, le restaurant et l’avion à 18. Mieux : j’ai joué sur scène avant d’avoir les moyens d’être dans la salle ! C’est pourquoi, en scénarisant, j’essaie souvent d’utiliser ces premières émotions.
Photo Guy Lecluyse, Line Renaud, Valérie Bonneton / Copyright La Ch'tite famille David KoskasTout en donnant à chacun matière à jouer.
D.B. : J’y tiens beaucoup, car c’est la tradition d’un cinéma français qui s’est un peu perdue. Donc chacun à « sa » scène forte. Afin que tous mes acteurs soient épanouis. Et que Line soit le personnage central de cette famille. Elle a été très patiente, car je lui ai parlé de ce projet en 2010 !
Line : Oh, mais c’est toi que j’attendais. Alors, le temps ne comptait pas.
Recueilli par Fiona FRANCHI
