collinecoquelicot-ncyNostalgique peinture d’un Japon à reconstruire, mâtinée d’une réflexion inaboutie sur la filiation, le deuxième long- métrage de Goro Miyazaki déçoit. Bien que touchant, il souffre d’un trop grand souci de réalisme, et l’absence de la formidable fantaisie qui fit la renommé de Miyazaki-père cantonne le film au ras des pâquerettes… ou en l’occurrence, des coquelicots.

 

 

     

 

1963. La guerre de Corée s’est achevée depuis dix ans ; le Japon est en plein renouveau, mais de nombreuses familles portent encore les stigmates de ce passé de feu et de sang. Umi, studieuse élève de première, perpétue ainsi le souvenir de son père tué en mer en hissant chaque jour, sur un mât devant sa maison en haut de la colline, des pavillons pour les navires qui passent. Cette habitude intrigue l’intrépide Shun, qui lui dédie un poème dans le journal du lycée. Touchée, Umi se rapproche du jeune homme en intégrant l’équipe de rédaction. Les colonnes du journal deviennent bientôt le fief  d’une vaste campagne pour sauver le foyer des lycéens de sa destruction au profit de la construction d’un bâtiment neuf. Alors entre naïveté de la vie quotidienne et fougue du militantisme, Umi et Shun tombent amoureux. Mais leurs origines pourraient bien les séparer…

Parce que Goro Miyazaki est le fils du très légitimement encensé Hayao Miyazaki, réalisateur de chefs-d’œuvre tels que Le Voyage de Chihiro, Mon ami Totoro ou Le Château dans le Ciel, la barre en matière d’animation était forcément haut placée. De ce point de vue, cependant, La Colline Aux Coquelicots s’avère assez décevant. Certes, l’image est belle, l’histoire est touchante, les dessins sont jolis, mais l’ensemble manque de fantaisie, reste assez plat tant sur le plan du graphisme que concernant celui du scénario (pourtant écrit par Miyazaki-père lui-même, sur la base d’un shôjo à succès).
Le thème éminemment complexe de la filiation est ici utilisé comme un simple motif mélodramatique imprimé sur fond de pays en reconstruction, à l’image de ce foyer qui doit être détruit, et que les lycéens rénovent, nettoient avec ardeur, désireux de retrouver un ancien lustre plutôt que de tout abattre pour bâtir autre chose.

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Ainsi il est beaucoup question de détruire et de reconstruire. Faut-il faire table rase d’un passé qui a laissé une nation orpheline pour aller coûte que coûte de l’avant, vers l’occidentalisation et la modernité, notamment grâce au symbole fort que représente la tenue prochaine des Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo ? Faut-il préserver les traditions, au risque de sombrer dans la nostalgie ? Jusqu’à quel point le passé appartient-il à la jeunesse ? Shun et Umi répondent à ces questions malgré eux en héritant d’un tragique secret familial. L’ennui est qu’au lieu de les approfondir, Goro Miyazaki s’en sert juste comme de prétextes pour dépeindre la mélancolie d’une époque de transition.

Pourtant, il y a de belles idées dans La Colline Aux Coquelicots, hélas pas assez exploitées, à commencer par ce foyer des lycéens croulant sous la poussière qu’un bon coup de balai permet de faire redécouvrir. Quand Umi et sa petite sœur y pénètrent pour la première fois, recherchant le local du journal à travers le dédale de cartons remplis d’anciennes copies d’élèves plus ou moins inspirés, des clubs variés où d’apprentis-philosophes amateurs de Diogène et de Nietzche essaient de les enrôler, et des livres qui gravissent les étages, circulant çà et là comme dans une incroyable bibliothèque-monde par système de poulies ; une perche si formidable est tendue à l’imagination qu’on ne peut qu’en vouloir au réalisateur de ne pas la saisir pour nous emmener plus avant dans cette potentielle caverne aux merveilles. Le réalisme de ce dessin animé devient alors à la fois son meilleur atout et son plus gros défaut : portant toujours le regret de pères disparus en mer, il reste cloué terre à terre, joli, émouvant, mais surtout bien trop profondément désuet.

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La Colline aux Coquelicots 

Animation (01h31min)

De Goro Miyazaki Avec Masami Nagasawa, Junichi Okada

Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse perchée au sommet d’une colline surplombant le port de Yokohama. Chaque matin, depuis que son père a disparu en mer, elle hisse face à la baie deux pavillons, comme un message lancé à l’horizon. Au lycée, quelqu’un a même écrit un article sur cet émouvant signal dans le journal du campus. C’est peut-être l’intrépide Shun, le séduisant jeune homme qu’Umi n’a pas manqué de remarquer...
Attirés l’un par l’autre, les deux jeunes gens vont partager de plus en plus d’activités, de la sauvegarde du vieux foyer jusqu’à la rédaction du journal. Pourtant, leur relation va prendre un tour inattendu avec la découverte d’un secret qui entoure leur naissance et semble les lier…
Dans un Japon des années 60, entre tradition et modernité, à l’aube d’une nouvelle ère, Umi et Shun vont se découvrir et partager une émouvante histoire d’amitié, d’amour et d’espoir.

 

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